Mondial 2009

Le rêve s'est envolé





L'équipe de France s'est inclinée en finale du Championnat du Monde face à la Russie (22-25). Les filles d'Olivier Krumbholz n'ont pas de regrets à avoir face à une sélection de l'Est supérieure dans tous les compartiments.

Les filles de l’équipe de France n’imiteront pas les garçons. Neuf mois après le sacre mondial des «Experts», les joueuses d’Olivier Krumbholz ont échoué face à la Russie dimanche à Nankin (21-25).

Pineau démarre fort
Fortes de leur succès lors du tour principal (24-23), les Bleues, emmenés par une Allison Pineau qui a fait honneur à son statut de meilleure demi-centre du tournoi (3 buts lors des 10 premières minutes) avaient pourtant parfaitement démarré la rencontre (4-2 à la 5e, puis 6-4 à la 10e), mais Dmitrieva, auteur d’un énorme 4/4 d’entrée permettait à la Russie de repasser devant (6-7, 14e), puis de créer le premier break (7-10, 17e). Krumbholz avait beau prendre un temps mort pour stopper l’hémorragie, ses plans étaient aussitôt contrariés par la sortie prématurée de Paule Baudouin, touchée dans un choc avec… Amandine Leynaud (18e). Du coup, malgré une belle résistance, c’est toujours avec un débours de trois buts que les Tricolores atteignaient la pause (11-14). Rien d’insurmontable, surtout quand on sait que la situation était à peu de choses près la même lors du match de poules il y a une semaine (12-14). Alors forcément, quand les Françaises, enfin repassées en 4-2, revenaient à une longueur d’entrée de deuxième période sous la houlette du duo Mariama Signaté (8 buts au final)-Siraba Dembelé (14-15, 35e), on se prenait à rêver... En vain malheureusement.

Dmitrieva a fait mal
Car si elles se montraient toujours aussi solides derrière, les Françaises retombaient dans leurs travers en attaque. Et comme Dmitrieva continuait de se régaler sur l’aile (9 buts en tout), l’addition se corsait sérieusement (17-22, 48e). Le seul l’espoir français résidait alors dans un retournement semblable à celui de 2003, où Valérie Nicolas et consorts avaient rattrapé 7 buts lors des 10 dernières minutes contre la Norvège pour s’offrir le titre mondial. Sauf, qu’hormis un léger suspense après deux passages en force successifs des Russes (19-22, 51e), d’espoir, il n’y eut cette fois pas et c’est finalement avec quatre buts de retard que les Bleues s’inclinaient (21-25). Une défaite avec les honneurs face aux désormais triples tenantes du titre (!) pour cette équipe que l’on n’attendait vraiment pas à pareille fête avant la compétition. Et encore moins après leurs deux défaites d'entrée…

Podium du championnat du monde :
1. Russie
2. France.
3. Norvège

Ces Bleues ont un bel avenir



Médaillée d’argent lors du Mondial en Chine à la quasi surprise générale, l’équipe de France, bâtie sur un effectif très jeune, a non seulement achevé sa reconstruction, mais aussi pris date pour 2012 et les JO de Londres.

«Elle est belle cette médaille. Juste après le match, on est un peu déçu, c'est certain. Mais c'est juste le temps de quelques minutes. Maintenant, quand on se retourne sur notre parcours, on réalise ce qu'on a fait.» C’est bien connu, la vérité sort toujours de la bouche de la capitaine. En l’occurrence ici Raphaëlle Tervel, souriante malgré la défaite en finale du Mondial contre la Russie (22-25). Il faut dire que la championne du monde en 2003 ne s’attendait certainement pas à un tel parcours pour une équipe de France qu’elle-même jugeait «en reconstruction» lors du dernier Tournoi Paris-Ile de France précédant le départ en Chine. Pire, après deux matches et deux défaites dans ces Championnats du Monde, Tervel confiait dans L’Equipe qu’elle et ses partenaires jouaient «sans repères». Un constat dur, mais sans doute nécessaire pour crever l’abcès. Quoiqu’en la matière, le coup de gueule de Siraba Dembelé à la pause du match contre la Suède aura aussi joué un grand rôle. A ce moment-là, la France est menée, joue mal et paraît promise à disputer une «Président Cup» en bois face à des adversaires comme la Thaïlande, l’Australie ou le Chili.

«La marche était trop haute»
Mais au bord du gouffre, les filles d’Olivier Krumbholz se révoltent, renversent les Suédoises avant d’entamer une folle sarabande de 7 victoires d’affilée qui les mènera jusqu’en finale. Et tant pis alors si celle-ci ne débouche pas sur la consécration rêvée face à un double tenant du titre intouchable selon le sélectionneur français : «La marche était trop haute et les Russes étaient trop fortes. Nous n'avons pas fait un bon match en attaque. Mais malgré tout, nous sommes contents de notre parcours en Chine car sur cette rencontre, nous avons prouvé que nous n'étions pas si loin que cela des Russes. Il nous a manqué quelques années d'expérience...» De l’expérience, effectivement, les Bleues en manquaient. Mais loin d’être un défaut, cela démontre que cette équipe, tournée depuis un certain temps vers les JO 2012, a les moyens de ses ambitions alors que 9 joueuses n’ont pas atteint le quart de siècle. Avec en tête de gondole Allison Pineau, 20 ans, et Mariama Signaté, 24 ans, toutes deux élues dans le 7 majeur de la compétition.

Continuer à travailler
Ajoutez à ces deux jeunes femmes un tandem de gardiennes de top niveau et de même pas 22 ans de moyenne d’âge (Amandine Leynaud et Cléopâtre Darleux), une Camille Ayglon (24 ans) encore incertaine au tir mais remarquable en défense, une Siraba Dembelé dotée de l’âme d’un leader à 23 ans, une Marion Limal (22 ans) prometteuse au-delà des 9 mètres ou encore une Claudine Mendy (19 ans) d’un culot monstre et d’une puissance inouïe, et vous obtiendrez un cocktail détonant. Qui doit permettre aux Bleues de briller à Londres en 2012, mais aussi, enflammons-nous, à Rio de Janeiro en 2016. A condition toutefois d’écouter Dembelé, décidément aussi importante sur qu’en dehors des terrains, qui se confiait sur RMC : «On a un bon groupe avec un bon état d’esprit. On va se rappeler de cette compétition toute notre vie, on va savourer cette médaille d’argent. Mais on a encore du boulot. Si on continue à travailler dans cette direction, on peut vraiment faire de belles choses.» Et promis, cette fois, tout le monde croira dès le départ au potentiel de cette équipe qui n’aura jamais plus rien d’une surprise.